L’automne s’installe, les feuilles tombent et les courges resplendissent de leurs teintes orangées. Mais une question revient chaque année dans l’esprit des jardiniers : quand faut-il les récolter ? Une erreur de timing peut tout gâcher. Pourtant, il existe un signal discret et fiable que les professionnels connaissent bien… tout se joue dans la tige.
Un indice souvent ignoré : la tige qui se flétrit
Dans votre potager, chaque courge envoie un message clair. Pas besoin de calendrier ni de météo parfaite : il suffit d’observer sa tige. Lorsqu’elle devient rugueuse, sèche, presque liégeuse, la plante « débranche » le fruit. Elle met fin à l’alimentation en sève. C’est son signal pour dire : c’est prêt !
À ce moment-là :
- La peau s’est épaissie
- La chair est devenue plus ferme
- Les sucres se sont développés
Selon Louis Lemoine, horticulteur dans le Maine-et-Loire : « La tige, c’est le pouls de la courge ». Si vous attendez trop après ce signal, vous augmentez le risque de gel et de perte. Et parfois, une seule nuit suffit à tout faire basculer.
Le piège du gel : invisible mais redoutable
Une simple gelée, même légère—autour de -1 °C—peut endommager toute votre récolte sans laisser de traces visibles. La peau semble intacte, mais la conservation est déjà compromise. L’eau pénètre, la chair ramollit, des moisissures apparaissent quelques semaines plus tard.
Une productrice d’Ardèche le résume bien : « Un seul matin de gel, et le fruit devient muet. » Trop tôt, la courge manque de goût. Trop tard, elle se gâte de l’intérieur. D’où l’importance d’apprendre à lire ce signe silencieux qu’est la tige.
Les bons gestes à la récolte, comme les pros
Ça y est : la tige est sèche ? Il est temps de couper. Mais pas n’importe comment.
- Utilisez un sécateur propre, jamais vos mains
- Laissez au moins 5 cm de pédoncule, comme un bouchon naturel
- Manipulez les fruits avec douceur : un choc invisible peut les abîmer
Après la coupe, laissez-les “curer” quelques jours :
- À l’air libre
- Sur une planche ou sous un abri
Cette étape discrète permet à la peau de se renforcer. La couleur devient plus franche, la peau plus dure. Résultat : une meilleure conservation pendant plusieurs mois.
Stockage : éviter les erreurs classiques
Une fois à l’abri, les courges ont besoin d’un environnement sec, tempéré et bien aéré. Les meilleures conditions ?
- Température : entre 12 et 18 °C
- Lieu : grenier, cellier ou cave non humide
- Support : lit de paille, carton ondulé ou planche sèche
- Distance : ne jamais les faire se toucher !
Inspectez-les régulièrement. Dès qu’une courge montre des taches ou s’affaisse, retirez-la immédiatement. Cela évite que la pourriture ne se propage aux autres. C’est une routine simple, mais essentielle, qui prolonge le lien avec votre récolte.
Un savoir-faire ancien, transmis par l’observation
Récolter au bon moment, c’est plus qu’une technique : c’est un geste hérité des anciens. Observations, sensations, habitudes de terrain… La plante ne parle pas, mais elle sait se faire comprendre. Et ce petit changement de texture dans la tige représente bien plus qu’un signal botanique : c’est le dernier mot de la courge avant l’hiver.
Savoir l’écouter, c’est offrir au fruit toute sa durée de vie, et à vous, le plaisir d’un potage d’octobre dégusté en plein mois de janvier. Ce lien précis entre l’œil du jardinier et le rythme de la nature, voilà ce qui fait la magie du potager.
Et vous, que vous dit votre potager ?
À chaque récolte, ses doutes, ses ratés et ses petites victoires. Avez-vous un repère infaillible ? Une astuce transmise par vos parents ? Ou un souvenir d’avoir récolté trop tôt… ou trop tard ?
Partagez vos histoires : car chaque expérience enrichit la suivante. Et peut-être, l’année prochaine, une autre tige desséchée vous soufflera à l’oreille… « C’est le moment. »




